Sortez de votre zone de confort !
Voilà une recommandation que l’on entend souvent à titre individuel et qui part du principe qu’on ne peut pas espérer obtenir des résultats différents en procédant toujours de la même façon.
Mais qu’en est-il pour une entreprise ? Dans votre zone de confort, les choses semblent sous contrôle. L’entreprise s’appuie sur des habitudes et des repères sécurisants. Un équilibre s’opère ; il peut vaciller en fonction des aléas internes ou externes, mais tout est fait pour le préserver. En effet, lorsque l’entreprise est dans sa zone de confort, les changements qu’elle apporte ont avant tout pour objectif de traiter les conséquences et non les causes. Ainsi, les bases et les fondations restent les mêmes.
Mais la situation exceptionnelle que nous vivons actuellement, nous a tous fait sortir brutalement de cette zone de confort. Ce que l’on croyait être des bases solides et des vérités absolues ont volé en éclats. Résultat, nous avons expérimenté d’autres zones :
La zone de panique. On entre dans cette zone lorsque l’on sort de notre zone de confort sans l’avoir choisi et sans y avoir été préparé. C’est donc ce qui est arrivé à la plupart des individus et des entreprises. Pour ces dernières, l’urgence fut de mettre en place le télétravail, le chômage partiel ou les adaptations nécessaires pour sauvegarder les emplois, maintenir ou redémarrer l’activité tout en assurant les conditions d’hygiène et de sécurité. Une fois ce premier vent de panique passé, d’autres questions, tout à fait légitimes, ont prolongé la durée en zone de panique :
- comment faire face financièrement à cette crise dans la durée ?
- comment garder la confiance et la motivation des équipes sur le terrain, en télétravail et/ou en chômage partiel ?
- quelles conséquences cette crise aura-t-elle à court, moyen et long terme sur l’entreprise, ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires ?
- Etc.
Autant d’équations complexes, aux paramètres trop nombreux et inconnus pour pouvoir y apporter des réponses claires et sortir rapidement de cette zone de panique. Contrôle faible, imprévisibilité, nouveauté et territoire menacé sont caractéristiques de la zone de panique.
La zone d’apprentissage. Elle se situe à quelques pas de la zone de confort et de la zone de panique. Dans cette zone, les évidences, les acquis, les habitudes sont également remis en question. Mais contrairement à la zone de panique, cela est fait de façon volontaire et donc moins brutale et urgente. Après un mois de confinement, beaucoup d’entreprises ont basculé de la zone de panique à la zone d’apprentissage. Et ce sont des signaux très positifs. Des entreprises expérimentent ainsi massivement le management à distance, s’essaient à de nouvelles activités, allègent leurs process décisionnels, remettent en cause certaines procédures, découvrent de nouvelles formes de collaboration avec leurs salariés, partenaires, fournisseurs, clients, et même leurs concurrents.
Ce qui semblait impossible hier, devient possible aujourd’hui !
La zone d’apprentissage devient une zone magique, où l’incertitude et le manque de visibilité demeurent, mais où l’on voit davantage les opportunités que les menaces, ce qui encourage l’action, les prises de décisions et le test and learn.
La question fondamentale à se poser est : faut-il revenir au plus vite au fonctionnement d’avant (et donc à la zone de confort) ou est-ce l’occasion d’investir durablement cette zone d’apprentissage ?
Intellectuellement, nous avons tous pris conscience que la zone de confort avait pour risque « de nous endormir », de nous rassurer autour d’acquis et de certitudes, mais que ces derniers pouvaient cependant s’écrouler, et nous faire ainsi basculer violemment en zone de panique. L’être humain, et donc l’entreprise de la même manière, ont une tendance naturelle à aimer ce qu’ils connaissent, à rentrer rapidement dans des automatismes et des évidences. Ainsi, si nous n’y prêtons pas attention, nous retournerons très rapidement dans cette fameuse zone de confort.
Mais alors, comment faire ?
Etape 1 : avoir conscience de ces trois zones puis repérer et partager où se situe l’entreprise actuellement.
Etape 2 : décider de la zone où l’entreprise souhaite être dans les prochains mois. Pour cela, tout dépend des choix business, organisationnels et humains qui seront réalisés dans les prochaines semaines. 3 grandes options se dessinent :
Le "statu quo"
Vous êtes confiant dans les perspectives d’évolution de votre marché. La crise sanitaire et économique aura peu d’impacts.
Vous êtes également pleinement satisfait de votre culture d’entreprise et le management vous semble totalement aligné et pertinent par rapport à vos ambitions.
Votre choix est donc de revenir au plus vite à la « quasi-normale ». Vos salariés seront sans doute très rassurés.
Il pourra quand même être intéressant de réfléchir aux grands enseignements que cette parenthèse vous aura permis d’acquérir et aux impacts managériaux et organisationnels de l’adaptation des modes de fonctionnement induite par le contexte que nous traversons.
Le changement d'activités
Les perspectives de votre marché se sont assombries : la crise va profondément modifier les attentes et/ou les moyens de vos clients.
C’est toute votre vision et mission d’entreprise qu’il faut revoir. Vous et vos équipes avez besoin de ce cap pour pouvoir se remobiliser.
Est-ce que l’offre doit être 100% modifiée ? Est-ce qu’elle doit se diversifier ? Y-a-t-il de nouveaux marchés ?
L’idée n’est pas de soulever des questions amenant tout droit en zone de panique, mais de travailler collectivement, avec vos équipes, pour répondre ensemble à ces questions et ainsi travailler en zone d’apprentissage.
Le changement de culture
La culture d’entreprise affichée et celle vécue pendant le confinement étaient-elles très différentes ?
Y-a-t-il eu des attitudes, des initiatives qui ont mis en lumière des valeurs dormantes dans votre entreprise et qui mériteraient d’être davantage encouragées compte tenu des bouleversements actuels ? Ou à l’inverse, des attitudes contre-productives ?
Pour vous aider à évaluer l’efficacité de votre culture, découvrez les 10 questions clés dans cet article : mon entreprise a-t-elle besoin d’une transformation culturelle et manageriale ?
Comme pour le changement d’activité, ces réflexions doivent se mener collectivement pour éviter qu’il y ait d’un côté des personnes en zone d’apprentissage et de l’autres des personnes en zone de confort qu’il sera plus difficile de remettre en apprentissage par la suite.
Etape 3 : fixer un cap et ne jamais le perdre de vue, mais admettre que c’est le chemin qui fera la destination et non l’inverse. C’est un changement fondamental de paradigme, mais qui est essentiel aujourd’hui. Contrairement au schéma classique, avec des feuilles de route très cadrées qui enferment dans du prévu / du confort et restreint alors le champ des possibles, cette façon d’appréhender le changement, laisse place à l’apprentissage en continu.
Etape 4 : adopter des schémas (appelés aussi croyances ou modèles mentaux) facilitants. Béatrice Rousset et Philippe Silberzahn, dans leur livre Stratégie modèle mental, ont distingué les schémas les plus appropriés en fonction d’un contexte stable ou d’un contexte incertain.
Monde certain
- Démarrer avec un objectif
- Agir en gain attendu
- Définir les rôles
- Eviter les surprises
- Résoudre des problèmes
Monde incertain
- Démarrer avec ce que l’on a
- Agir en perte acceptable
- Obtenir des engagements
- Tirer parti des surprises
- Créer le contexte
Les auteurs de ce livre proposent actuellement des vidéos d’environ 3 minutes pour expliquer chacun de ces modèles mentaux et l’opportunité que représente la crise du coronavirus pour prendre conscience de nos croyances et faire des choix conscients vers les modèles mentaux les plus aidants.
En voici une pour exemple, mais nous vous invitons à toutes les visionner 😊
Si les défis sont encore nombreux, ils ouvrent indéniablement vers des opportunités d’apprentissage et de changement incroyables ! La représentation du mot « crise » en chinois l’illustre d’ailleurs parfaitement, puisqu’il y a deux caractères possibles : l’un qui représente le danger, et l’autre l’opportunité.
Alors, à vous de choisir !
Et si finalement, le plus grand danger était devant nous : celui de revenir à nos habitudes et nos certitudes d’avant ?
Chez Impulse, nous sommes convaincus que le plus grand danger est de ne pas saisir les opportunités de transformation et d’apprenance que cette période génère. Et ainsi de revenir à nos habitudes et certitudes d’avant. C’est la fameuse « culture du Jour 1 » prôné par Jeff Bezos: « La stratégie du Jour 1 : l’obsession du client, douter des process mis en place, une adoption passionnée des tendances externes, une très grande rapidité dans la prise de décision ». A l’inverse « le jour 2 est l’immobilisme. Suivi par l’inutilité. Suivi d’un insoutenable et douloureux déclin. Suivi par la mort. Et c’est pourquoi il est toujours le jour 1″.
Et vous, qu’auriez-vous envie de mettre en place pour faire désormais de l’apprentissage et du Jour 1 votre quotidien ?
Basé en région lilloise, Impulse Conseil est un cabinet de conseil en stratégie et transformation. Nos équipes de consultants agissent comme de véritables partenaires pour nos clients qui se transforment et font face sans cesse à de nouveaux défis. Nous accompagnons les directions générales et les directions métier dans la définition et le déploiement des ambitions de l’entreprise en terme de business, d’organisation et de culture managériale. L’alliance du conseil, du coaching et de la facilitation nous permet d’assurer un ancrage profond des choix métier, des nouvelles attitudes et aptitudes attendues.